Clinique de l’Europe
4 rue Octave Crutel
76100 Rouen
Tél. : 02 32 18 13 85
La rhizarthrose ou arthrose de la base du pouce correspond à une usure du cartilage articulaire des os situé à la base du pouce, à la jonction avec le poignet, ce qui engendre une réaction inflammatoire articulaire périphérique, responsable du gonflement de l'articulation.
On constate alors un gonflement d'origine synovial (avec épanchement liquidien et synovite inflammatoire douloureuse) et des formations osseuses au pourtour de l'articulation (fabrication de ces "becs de perroquet" visibles sur les radios).
C'est un problème fréquent qui atteint particulièrement les femmes de la cinquantaine, et qui est souvent bilatéral.
Parfois l'arthrose est la conséquence d'une fracture, d'un rhumatisme ou d'une infection. Mais le plus souvent la cause exacte de l'arthrose n'est pas connue et vraisemblablement constitutionnelle et liée à une particularité anatomique locale (forme de l'articulation). On retrouve souvent un facteur familial.
Les symptômes de la rhizarthrose se caractérisent par des douleurs associées à un gonflement des articulations et une raideur.
Le symptôme habituel est la douleur, surtout lorsqu'elle survient lors d'activités quotidiennes comme pincer ou tourner une clé, saisir ou manipuler de petits objets.
Peu à peu, l'articulation se détériore puis se luxe : apparaît alors une déformation caractéristiques de la base du pouce.
Localement, l'arthrose entraîne :
- des douleurs articulaires
- un gonflement synovial articulaire, des kystes synoviaux, des ostéophytes (bosses osseuses)
- une raideur articulaire
Pour confirmer le diagnostic, une analyse radiologique est effectuée permettant de classer l'atteinte en plusieurs stades selon le degré d'usure du cartilage et la réaction osseuse périphérique ainsi que le degré de déformation ou de déviation des pièces osseuses.
Si on laisse évoluer l'arthrose, l'articulation peut se déformer ou se bloquer, parfois en devenant indolore, et le pouce se déforme en prenant parfois l'aspect du « pouce en Z ».
Au stade débutant, le traitement médical comprend le repos, en évitant les gestes douloureux. Les anti-inflammatoires, une orthèse de la colonne du pouce. Certains rhumatologues peuvent tenter des infiltrations (avec prudence) (corticoides, gel d'acide hyaluronique).
Si ce traitement bien conduit pendant 6 mois à 1 an reste insuffisant, une intervention peut être envisagée.
Plusieurs interventions peuvent être proposées quand une articulation est attaquée par l'arthrose.
Il s'agit d'une intervention "radicale", car elle sacrifie définitivement la mobilité des deux os solidarisés, mais elle est très sûre quant à son résultat, concernant à la fois la douleur et l'aspect du pouce. C'est-à-dire que l'on obtient généralement sans problème un très bon résultat sur la douleur, et également un bon résultat sur l'aspect "esthétique" de l'articulation qui n'est plus gonflée et que l'on peut réaxer correctement, tout cela au prix d'une perte de la mobilité de cette articulation. La difficulté tient à l'immobilisation dans la position la plus fonctionnelle. Cette intervention est généralement réservée aux travailleurs de force et à l'arthrose post-traumatique.
Bien sûr, il ne faut pas négliger les risques d'une arthrodèse, à savoir, risques de retard ou absence de consolidation osseuse, déplacement, fracture, intolérance du matériel d'ostéosynthèse, risques d'algodystrophie (douleurs, oedème, raideur, manque de force, difficultés de rééducation), et risques propres de la chirurgie (hématome, infection, difficultés de cicatrisation, etc.).
Sur le plan technique, cette intervention consiste à enlever le trapèze en respectant au maximum les structures fibreuses ligamentaires périphériques, on réalise cependant, en même temps, une synovectomie, en réséquant les structures synoviales articulaires sus- et sous-jacentes inflammatoires, responsables en partie des douleurs. On stabilise en suite le premier métacarpien (la base du pouce) par une ligamentoplastie effectuée à l'aide d'un hemi-tendon, prélevé dans le proche voisinage, et permettant de remplir partiellement la cavité laissée vide par l'os du trapèze.
Le principe de cette intervention, c'est d'enlever et de remplacer les surfaces articulaires douloureuses par un coussin fibreux.
Elle a l'avantage de laisser la mobilité de l'articulation, de supprimer la douleur, elle a l'inconvénient de faire perdre la force de préhension entre le pouce et l'index pendant quelques mois, nécessitant plusieurs mois de rééducation, et de ne pas corriger la déformation initiale, lorsqu'elle est déjà avancée.
En dehors du manque de force, les risques de cette intervention sont faibles.
Au-delà des risques de déformation ou de résultat partiel (rares, je le répète), il ne faut pas négliger les risques de toute intervention chirurgicale au niveau de la main, à savoir, risques d'algodystrophie (douleurs, oedème, raideur, manque de force, difficultés de rééducation), et risques propres de la chirurgie (hématome, infection, difficultés de cicatrisation, etc...)
Pour diminuer les risques de déformation et améliorer la récupération post-opératoire, on tente actuellement de remplir la cavité trapézienne après trapézectomie avec un implant en pyrocarbone (matériau dont le coefficient de frottement est très bas et le risque d'usure extrèmement faible), cet implant joue le rôle d'espaceur et vise à empêcher le recul de la colonne du pouce, ameliorant la force de la pince pouce-index…
Bien sûr, il ne faut pas négliger les risques de cet implant, à savoir, usure, déplacement, fracture, intolérance de l'implant, résultat insuffisant…… si nécessaire son ablation revient à une simple trapézectomie.
Au niveau de l'articulation trapézo-métacarpienne, il est possible d'envisager le remplacement de l'articulation usée par une "prothèse", ou "implant" qui sera une véritable prothèse de forme “anatomique” remplaçant la mécanique précise du mouvement articulaire. (À ce niveau, on copie les prothèses de hanche).
Ces prothèses sont généralement très efficaces sur la douleur, et permettent de restaurer une bonne mobilité articulaire, elles sont également souvent efficaces sur la diminution du gonflement.
Comme tout implant, elles ne sont pas définitives et peuvent avoir besoin d'être changées au bout de dix à quinze ans (voire plus) ou quand il y a des signes d'usure.
Bien sûr, il ne faut pas négliger les risques d'une prothèse, à savoir, usure, déplacement, fracture, intolérance de l'implant, résultat insuffisant, risques d'algodystrophie (douleurs, oedème, raideur, manque de force, difficultés de rééducation), et risques propres de la chirurgie (hématome, infection, difficultés de cicatrisation, etc...)
Avant ces interventions, un bilan préopératoire habituel est réalisé conformément aux prescriptions.
Le médecin anesthésiste sera vu en consultation au plus tard 48 heures avant l'intervention.
Aucun médicament contenant de l'aspirine ne devra être pris dans les 10 jours précédant l'intervention.
L'arrêt du tabac est vivement recommandé avant l'intervention (le tabac diminue l'oxygénation et donc la cicatrisation).
Il est fondamental de rester à jeun (ne rien manger ni boire) 6 heures avant l'intervention.
Type d'anesthésie : Habituellement, l'intervention se fait sous anesthésie locorégionale. Un tranquillisant est parfois associé à l'anesthésie.
Modalités d'hospitalisation :
En général, l'intervention se fait en « hospitalisation classique de 48 heures », c'est-à-dire avec une entrée la veille de l'intervention, et une sortie le lendemain.
L'intervention se fait par une cicatrice de deux à trois cm à la face antérieure ou externe de la base du pouce. La cicatrice est fermée par des fils résorbables, cachés sous la peau qui n'ont pas besoin d'être enlevés.
Le pouce est protégé par un gros pansement en coton, puis par une attelle prenant la main, le poignet et l'avant-bras.
La sortie de clinique se fait le lendemain de l'intervention, après radiographie de contrôle, avec le pansement postopératoire, qui est gardé pendant cinq à huit jours. (Pansement « airbag »)
La cicatrisation s'obtient en dix jours et il n'y a pas besoin de soins infirmiers (sauf exception) durant cette période.
Au bout de cinq jours, je vous revois en consultation pour faire une radiographie de contrôle et refaire le pansement, enlever l'attelle et mettre en place la manchette en résine (pour un mois à deux mois, selon l'intervention)
Immobilisation par manchette en résine deux mois.
Les broches sont enlevées sous anesthésie locale, sans hospitalisation au bout de huit semaines après radio de contrôle. Les complications sont rares et sont surtout liées à la présence des broches (notamment, intolérance, déplacement, infection, fracture d'une broche...). Elles doivent être traitées rapidement pour ne pas laisser de séquelles.
Immobilisation par manchette en résine un mois et demi.
Plusieurs mois de rééducation, récupération de la force de la pince pouce-index minimum six à douze mois. Il est parfois nécessaire de faire de la rééducation ensuite pendant encore quelques semaines avec un kinésithérapeute, mais pas toujours.
Immobilisation par manchette en résine un mois.
Deux à trois mois de rééducation, récupération de la force de la pince pouce-index trois à six mois.
Une surveillance radiologique est faite au début tous les mois, puis ensuite régulièrement au bout d'un an, puis tous les cinq ans.
Les complications sont rares et sont de deux types :
Les complications habituelles à tout acte chirurgical :
Les complications particulières à une intervention sur la main sont, notamment :
Les risques dépendent du stade d'évolution de la maladie, des techniques utilisées, de l'expérience du chirurgien...
Ces problèmes sont exceptionnels et ne laissent généralement pas de séquelles s'ils sont traités à temps. Il faut cependant réaliser qu'il y a toujours un risque de séquelle définitive après toute intervention chirurgicale.
Au total, il ne faut pas surévaluer les risques, mais simplement prendre conscience qu'une intervention chirurgicale, même apparemment simple, comporte toujours une petite part d'aléas.
Le recours à un Chirurgien Plasticien qualifié vous assure que celui-ci a la formation et la compétence requise pour savoir éviter ces complications, ou les traiter efficacement le cas échéant.
Tels sont les éléments d'information que nous souhaitions vous apporter en complément à la consultation. Nous vous conseillons de conserver ce document, de le relire après la consultation et d'y réfléchir « à tête reposée ».
Cette réflexion suscitera peut-être de nouvelles questions, pour lesquelles vous attendrez des informations complémentaires. Nous sommes à votre disposition pour en reparler au cours d'une prochaine consultation, ou bien par téléphone, voire le jour même de l'hospitalisation où nous nous reverrons, de toute manière, avant l'intervention.
Pendant les dix premiers jours post-opératoires pour empêcher le gonflement des doigts :
Gardez votre main dans une écharpe lorsque vous ne faites rien (main au niveau du coeur).
Dormez la nuit avec la main surélevée, posée sur un oreiller, ou un coussin.
Bougez vos doigts le plus normalement possible.
Faites régulièrement toutes les heures dix mouvements de flexion-extension des doigts, la main et l'avant-bras surélevés.
Il est normal d'avoir un peu mal les premiers jours après l'intervention, prenez l'antalgique prescrit (éventuellement le DOLIPRANE (paracétamol) s'achète sans ordonnance, mais PAS d'aspirine). La douleur de l'intervention disparaît en quelques jours. Reprenez contact avec nous si elle persiste. ET SURTOUT, les pansements NE DOIVENT PAS ETRE TROP SERRÉS. N'hésitez pas à revenir si vous avez mal.
Une récupération complète peut demander 3 à 6 mois, voire plus selon le type d'intervention. Il faut cependant souvent un an pour "oublier" une intervention.
En cas d'arthroplastie totale avec une prothèse, une surveillance radiologique est nécessaire au minimum tous les cinq ans.